Pourquoi l’utilisation du vélo est en hausse en France ? Y a-t-il des zones géographiques où l’utilisation du vélo est plus propice ? Saviez-vous que les Parisiens utilisent plus le vélo que la voiture pour se déplacer intra-muros ? Les zones rurales ont elles mis en place des solutions pour accueillir les cyclistes ? Comment Paris réduit-il les déplacements en voiture en ville ?
Une augmentation accrue de cyclistes à Paris
Une grande enquête régionale sur la mobilité des Franciliens publiée récemment par l’Institut Paris Région (IPR) révèle ce phénomène tangible.
En effet, avec l’augmentation des kilomètres de pistes cyclables, depuis quelques années, la tendance s’est inversée. Les parisiens utilisent le vélo dans 11,2% de leurs déplacements contrairement à la voiture qui est utilisée plus qu’à 3%. Paris réprime progressivement la circulation automobile dans le centre-ville depuis quelques années. Les véhicules les plus polluants - y compris de nombreuses voitures essence et diesel plus anciennes - seront interdits à partir de 2025. Les places de stationnement ont été supprimées, les routes piétonnières et un vote en février de cette année a également vu les Parisiens approuver une proposition visant à tripler les frais de stationnement pour les gros véhicules comme les SUV.
Dans le centre ville de Paris, la marche reste le moyen le plus utilisé (53%) devant les transports en communs (30%).
"Il y a dix ans, qui aurait pu prédire que les vélos prendraient le pas sur les voitures", a déclaré l'adjoint au maire de la ville chargé des transports, David Belliard, sur X (anciennement Twitter).
Cela se constate avec la transformation de la Rue Rivolie. Cette artère principale de la capitale était, il y a cinq ans, monopolisée par les voitures. Aujourd’hui, cet axe de trois kilomètres qui passe devant l’Hôtel de Ville de Paris et le Musée du Louvre est une autoroute pour les vélos. La révolution du vélo, impulsée par les collectivités locales, commence à porter ses fruits.
La rue de Rivoli, avec ses pistes cyclables à double sens et sa voie réservée aux bus et aux taxis, est peut-être l’un des exemples les plus emblématiques du changement que connaît la ville ces dernières années. Mais ce n’est pas le seul. Le boulevard de Sébastopol, perpendiculaire à la rue, est devenu l’itinéraire le plus fréquenté par les cyclistes, avec des chiffres qui dépassent généralement les 10 000 déplacements quotidiens, selon le comptage tenu par l’association Paris en Selle.
Lorsqu’il fait beau, la densité peut être si élevée que des embouteillages se produisent parfois, et l’étroitesse de la voie provoque des frottements entre les vélos, créant des moments de tension. Les responsables de la ville, menés par la maire Anne Hidalgo, socialiste, ont tenté de remédier à cette situation en construisant d’autres pistes cyclables sur des rues parallèles.
Du nord au sud et d’est en ouest, la carte de la capitale s’est remplie d’infrastructures qui accordent au vélo une place privilégiée.
Et la banlieue ?
Malheureusement, la banlieue parisienne dépend toujours de la voiture.
Les banlieues de Paris sont encore fortement dépendantes des déplacements en voiture. L'étude IPR a révélé que plus on s'éloigne du centre, plus le pourcentage de déplacements effectués de cette manière est élevé.
Entre les deux rocades de la ville, les déplacements en voiture représentent près de la moitié des déplacements. Pour les déplacements dans les banlieues les plus éloignées, ce chiffre était de 61%. Selon IPR, il s'agit d'un signe de « dépendance automobile » dans ces domaines.
Pourtant aujourd'hui, les Franciliens aimeraient avoir plus d'alternatives pour leurs déplacements quotidiens : 58 % estiment qu'il est difficile de se déplacer sans voiture en Ile-de-France.
Le développement de la voie publique (pour 64 % des répondants) avec notamment l’aménagement de pistes cyclables sécurisées aideraient les personnes habitants de banlieues à se déplacer à vélo. L’installation de des zones de stationnement sécurisées à proximité des transports en commun ainsi que des aides financières à l’achat d’un vélo électrique ou un abonnement à un service de location de vélos (en libre-service ou longue durée) seraient également des éléments décisifs.
Puis, l’installation de services de location de vélos dans les gares afin d’effectuer la dernière partie des trajets à vélo inciterait 7 % des Franciliens à se mettre au vélo, dans le cadre de déplacements intermodaux.
Le vélo en zone rurale
Les zones rurales françaises restent dangereuses pour les cyclistes, en effet il y a une hausse de 30 % des décès de cyclistes.
Ces dernières années, de nombreux efforts ont été consacrés aux infrastructures cyclables dans de nombreuses villes françaises, mais pas dans les campagnes. La Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) indique que 56 % de ces décès sont survenus sur des routes de campagne. Elle a également noté que les hommes âgés de 55 ans ou plus et les cyclistes à la campagne représentaient 38 % du total des décès.
En revanche, Paris n’a enregistré qu’un seul décès dans un accident de vélo.
La FUB souhaite qu’au moins 2,5 milliards d’euros soient investis dans l’amélioration des infrastructures cyclables au cours des cinq prochaines années.
Pour l’instant, le gouvernement a consacré beaucoup moins d’argent au vélo : 200 millions d’euros en 2023 aux collectivités locales qui souhaitent construire des pistes cyclables et 50 millions d’euros pour créer de nouveaux parkings à vélos sécurisés dans les villes.
La FUB souhaite également que la police réprime plus sévèrement les conducteurs qui ne respectent pas les cyclistes ou les pistes cyclables.
Nous pouvons tout de même constater que quelques chemins de randonnées adaptés aux vélos sont remis en état ou même créés par tronçons (voies vertes, anciennes voies de chemin de fer réhabilitées, chemin de sable le long des plages, chemin au milieu des châteaux de la Loire…). Mais cela reste dans le domaine du loisir et n’est pas adapté pour des placements quotidiens.
Même si de nombreux efforts ont été fournis pour améliorer le confort des cyclistes, il y a un grand écart entre les grandes villes et les campagnes dans l’utilisation du vélo. La fréquentation des routes par les voitures ainsi que le manque de pistes cyclables qui amènent de nombreux accidents ne peuvent pas donner envie aux habitants des zones rurales de délaisser la voiture pour le vélo.
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